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QU’EST-CE QUE LES LUMIÈRES ? : PARAGRAPHE 7

[Présentation de Kant] Kant (1724-1804) est un philosophe allemand de la période des Lumières. Son œuvre s’articule autour de trois questions :

  • « Que puis-je savoir ? » détermine une philosophie de la connaissance, avec en particulier son œuvre la plus importante, la « Critique de la raison pure ».
  • « Que puis-je faire ? » détermine une philosophie morale, avec en particulier la « Critique de la raison pratique » [« pratique » = en relation avec l’action donc avec la morale].
  • « Que puis-je espérer ? » détermine la méthode que Kant appelle « critique », à savoir que la raison doit parvenir à fixer ses propres limites, aussi bien dans le domaine de la connaissance que dans celui de la morale.

[Présentation du texte] Dans le texte « Qu’est-ce que les Lumières ? » publié en 1784, Kant :

  • caractérise les Lumières comme un progrès de l’humanité dans l’usage de la raison ;
  • puis il s’interroge sur les mécanismes qui maintiennent chaque individu et au-delà l’ensemble de l’humanité dans l’état de « minorité » (= de dépendance morale, d’absence d’autonomie morale) ;
  • il montre ensuite les limites nécessaires à la liberté d’expression pour que celle-ci ne soit pas source de conflits sociaux, avant de considérer cette question dans le cas particulier de la religion ;
  • enfin il insiste sur l’intérêt qu’ont les gouvernants à favoriser la liberté de penser et de s’exprimer des citoyens.

[7] Le critère de tout ce qui peut être décidé pour un peuple, sous forme de loi, tient dans la question : un peuple pourrait-il se donner à lui-même une telle loi ? Certes on pourrait recourir à cette loi pour une durée déterminée et courte, comme pour introduire un certain ordre dans l’attente d’une loi meilleure ; durée pendant laquelle on laisserait en même temps à chaque citoyen, et particulièrement au prêtre, la liberté de formuler publiquement, en tant que savant, c’est-à-dire par ses écrits, ses remarques sur les défauts de l’institution du moment. Cependant, l’ordre établi continuerait à prévaloir jusqu’à ce que la pensée, pénétrant la nature de ces questions, se soit suffisamment développée et confirmée pour porter devant le trône, en unissant les suffrages de la réflexion (à défaut des autres), un projet destiné à protéger les paroisses tombées d’accord, d’après l’idée qu’elles se font d’une pensée plus juste, pour modifier l’institution religieuse, sans pour autant contrarier celles qui voudraient s’en tenir à la tradition. Mais s’entendre sur une constitution religieuse durable, que nul n’aurait le droit de mettre en doute, ne fut-ce que pendant la durée d’une vie humaine, et ruiner ainsi en quelque sorte toute possibilité d’amélioration progressive pour une époque donnée, rendant celle-ci stérile et, par le fait même, néfaste pour la postérité, voilà qui est absolument interdit.

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