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L’ART

Rappel : Pour être adéquate, la définition d’un concept doit valoir pour tout ce qu’on veut y ranger. Une définition de l’Art doit valoir pour tous les arts, à toutes les époques et en tout lieu.

Lorsqu’on ne dispose pas d’une définition mémorisée d’une notion, il existe plusieurs méthodes pour la construire.
La méthode « a minima » consiste à se demander ce qui est nécessaire pour que la définition recouvre bien ce que l’on entend en général par la notion.
Ainsi la notion d’art implique la prise en compte de plusieurs autres notions :

1. Il faut un objet qu’on appelle « œuvre » (sculpture, roman, bâtiment, film, musique, chanson, B.D. …)

2. Il faut quelqu’un qui crée cet objet, et qu’on appelle «artiste » (sculpteur, écrivain, danseur, architecte, cinéaste, musicien…).

3. Enfin, il faut que cet objet ait un certain type d’effet (esthétique, intellectuel, autre…) sur d’autres personnes, qu’on appelle le « public » (spectateur, auditeur, lecteur…)..

On parlera donc d’art pour décrire l’activité d’une personne crée des objets suscitant une « appréciation » particulière dans un public.

D’où notre définition : L’art est l’activité humaine (celle de l’artiste), consistant à créer un certain type d’objets (les œuvres d’art) destinées à l’appréciation (positive ou négative) d’un public.

On voit que les questions touchant à l’art  diffèrent selon qu’elles concernent l’artiste, l’œuvre d’art  ou le public :

    • l’ARTISTE : talent, génie, créativité, inspiration, habileté, imagination, sensibilité…
    • le  PUBLIC : goût, sensibilité, culture, interprétation…
    • l’ŒUVRE D’ART : qualités, perfection, beauté, originalité, sublime, valeur, sens…

L’art existe dans toutes les sociétés, c’est un phénomène humain universelDeux hypothèses (complémentaires) peuvent expliquer ce fait?:

  1. L’art est nécessaire à la constitution d’une société ou/et favorise son bon fonctionnement. C’est une activité purement culturelle dont la valeur est essentiellement sociale.
  2. L’art répond à un besoin naturel, inné, présent en chaque être humain, que ce soit du côté de l’artiste ou du côté du public. Chaque société doit donc l’intégrer au sein de sa culture.

1. Hypothèse 1  : l’art est nécessaire à la constitution de toute société et/ou favorise son bon fonctionnement.

L’art permet de stimuler de manière artificielle les émotions humaines. C’est donc un moyen d’associer dans l’esprit humain des représentations objectives à des émotions positives (plaisir) ou négatives (souffrance). En cela, l’art est un moyen idéal de développer la sensibilité humaine, de transmettre des valeurs morales à l’ensemble d’une population, de l’éduquer. Ce qui explique par exemplela synergie entre art et religion (art religieux) que l’on peut observer dans a plupart des civilisations anciennes.

2. Hypothèse 2 (naturaliste) : L’art répond à un besoin naturel, inné, présent en chaque être humain.

a. Du côté du créateur  : Le cerveau dispose d’un «?générateur de diversité?» (combinatoire en temps réel) qui lui permet d’explorer spontanément diverses versions possibles d’une représentation. L’artiste au travail engendre donc à chaque étape une infinité voies possibles, des variantes, qu’il explore une à une à la volée, en temps réel. Ce processus exploratoire est sous le contrôle du «?système de la récompense?», donc lié à un plaisir : il sélectionne la possibilité la plus satisfaisante pour l’artiste. (J.-P. CHANGEUX, La Beauté dans le cerveau, 2016)

b. Du côté du public : L’œuvre d’art provoque dans le cerveau un «?embrasement?» simultané de multiples aires en mobilisant leurs fonctions respectives (sensiblité, mémoire, signification…) et en établissant des connexions nouvelles entre elles et avec les circuits de la récompense (plaisir). Cette mobilisation massive de différentes aires cérébrales multi-plie les sources de plaisir possible et donc l’émotion resentie.
La libido sentiendi (désir de sensations) est une condition nécessaire à la survie des êtres vivants évolués?: il y a pour l’être humaine de manière innée, des sons, des couleurs agréables, sources de plaisir (que nous recherchons donc), et d’autres désagréables (que nous évitons).

1.  Chez les Grecs, les Latins et jusqu’à la fin du Moyen Âge, on ne distingue pas l’art de la technique

C’est le même mot (technè en grec, ars en latin) désigne tout savoir-faire permettant de produire des objets selon des règles (quel que soit leur usage).

Artefact = objet produit par le travail des êtres humains.
Ex. : une œuvre d’art, un marteau ou un ordinateur sont des artefacts.

 

Il n’y a donc pas lieu de distinguer « art » de « technique » parce que dans ces activités, il s’agit de faire passer un objet de son concept (idéal) à la réalité concrète. Aussi bien chez l’artiste que chez l’ingénieur, les schémas, plans, croquis sont des intermédiaires entre l’idée à sa réalisation concrète.
La technique (des Grecs) ou l’art (des Latins) est l’ensemble des règles qu’il faut suivre pour produire un objet conçu selon une idée.

Artisan, ingénieur, artiste, tous créateurs d’objets artificiels.

2 Au XVIe siècle : distinction entre artiste et artisan

    • L’artisan répète des formes existantes, les objets qu’il produit visent à satisfaire un besoin, ont une utilité pratique.
    • L’artiste invente des formes nouvelles, les objets qu’il produit visent une satisfaction esthétique, n’ont pas d’utilité pratique.

1.3 À partir du XVIIIe siècle, arts et techniques sont différenciés par leur finalité :

    • La technique a pour but l’utile  (outils, ustensiles, machines)
      L’artisanat et l’industrie sont des activités techniques. Ses objets peuvent être reproduits à l’infini selon une procédure technique.
    • L’art a pour but le beau (Beaux-Arts= peinture, musique, architecture, sculpture, gravure).
      Les œuvres d’art sont des « prototypes », qui n’ont de valeur que par leur originalité.
      « En art, ce qui est fait n’est plus à faire. » (Antonin Artaud)


Le penseur, de Rodin (1880)

1. Chez les Grecs, le beau qualifie ce qui atteint la perfection, l’excellence.

    • Un être humain est beau s’il a actualisé les potentiels de son corps et de son esprit.
    • Un couteau est beau s’il coupe parfaitement, tient bien dans la main, etc.
    • Une œuvre d’art est belle si elle se conforme aux lois qui gouvernent l’harmonie du cosmos.

2. La question du beau devient centrale au XVIIe siècle : développement de l’esthétique

2 hypothèses possibles sur ce qu’est le « beau » :

a/ Soit le beau est une qualité de l’objet créé et donc la beauté est objective.
Nous percevons (sans en être nécessairement conscients) les règles qui déterminent la « perfection » de l’objet. La beauté d’un objet est alors perceptible par chacun et communicable.


Pour les Grecs, la beauté est avant tout celle du corps et elle est liée à sa perfection.

Ex.1 : symétrie

Photo originale à gauche, photo retouchée (symétrie du visage) à droite. Quelle est la plus belle ?

Aérogare de Lyon-St Exupéry
La symétrie en architecture. 

Nombre d'or (proportion divine)

Ex. : équilibre des proportions – le nombre d’or (divine proportion) : (a + b)/a = b/a

L’Homme de Vitruve, Leonard de Vinci

« La beauté est l’accord dans la proportion des parties entre elles et avec le tout ». PLOTIN (250-270)

b/ Soit le beau est un sentiment dans l’artiste ou dans le public donc la beauté est subjective.


Extrait du film Intouchables (2011)

Le beau n’est pas une caractéristique de l’objet, c’est un sentiment de liberté et de vitalité provoqué par la perception de certains objets. (Ex : un morceau de musique qui rend joyeux est beau).

Donc la beauté est subjective … et tous les goûts sont dans la Nature.

« Le beau, pour un crapaud, c’est sa crapaude ». VOLTAIRE

« C’est le regardeur qui fait le tableau ». (Marcel DUCHAMP, 1930)

3. Le « laid » peut-il être beau ?

Bosh-Goya
A gauche, une œuvre de Jérôme Bosh (1510), à droite une œuvre de Goya (1810)

On peut faire un beau tableau d’un objet laid.

« Les beaux-arts montrent leur supériorité précisément en ceci qu’ils donnent une belle description de choses qui dans la nature seraient laides ou déplaisantes. Les furies, les maladies, les dévastations de la guerre, peuvent en tant que choses nuisibles, être décrites de très belle façon et peuvent même être représentées par des peintures »

KANT, Critique de la Faculté de Juger (1795)

Le plaisir qu’on peut tirer d’une œuvre d’art est relatif à notre culture, à notre histoire personnelle.


L’art au XXe siècle : le critère de beauté est-il encore pertinent ?
A gauche, œuvre de Kasimir Malévitch (1878-1935), à droite de Andy Warhol (1928-1987)

1. Les conceptions de l’art ont une histoire (et donc peuvent changer selon les époques et les lieux) 

« Tout art est une imitation de la nature. »  SÉNÈQUE (philosophe latin 4 av. JC – 65 ap. JC)
L’art comme mimésis (= imitation). Représenter les êtres humains ou la nature est une manière d’en connaître l’harmonie .

« L’art est à l’homme ce que la nature est à Dieu. » Victor HUGO (écrivain, 1802-1885)
L’art comme création de mondes possibles, comme travail de l’imagination.

« L’art lave notre âme de la poussière du quotidien. » PICASSO (peintre, 1881-1973)
L’art comme remède contre les habitudes, comme dynamique de vie.

« L’art, c’est le plus court chemin de l’homme à l’homme. » André Malraux (écrivain, 1901-1976)
L’art comme moyen de communication, de partage d’idées, d’émotions ou de valeurs morales, entre êtres humains le plus direct.

2. Exemple 1 : l’art comme imitation (mimésis) :

Pour les Grecs et les Latins qui conçoivent l’art comme mimésis, imiter la nature c’est :

      • en capter la forme ;
      • produire des objets en accord avec l’harmonie (les lois) du cosmos.

Critique de la conception de l’art comme imitation par Platon :  l’art qui imite ment. Il produit des apparences, éloigne de la vérité. Il empêche de connaître l’essence des choses, leur réalité.

Conséquence : L’art qui imite est l’ennemi du vrai, de la rationalité et donc de la cité (de la société qui doit appuyer son organisation sur la raison). Pour Platon, dans la cité idéale, il n’y a pas de place pour les poètes, dès lors qu’il détournent le citoyen de la vérité.


Street Art hyperréaliste : l’imitation de la réalité, décontextualisée, peut être source d’expériences étonanantes.

3. Exemple 2 : L’art comme purification (catharsis) :

Pour Aristote, la catharsis est l’action de « nettoyer, purifier, purger » les émotions.
Pour que cette catharsis soit possible, il faut que les spectateurs ressentent les passions de personnages auxquels ils s’identifient.

L’ identification aux personnages permet l’imitation (mimésis) des passions humaines

      • permet de ressentir avec le héros les conséquences de ses actions (bonnes ou mauvaises) ;
      • renforce les valeurs morales du spectateur.

La tragédie grecque (ici Œdipe) dépeint les conséquences des actions des hommes soumis aux aléas du destin.

Ex : peinture, cinéma, théâtre et littérature montrent le destin tragique de ceux qui ont cédé à des pulsions négatives, ou au contraire l’exemple des « héros positifs ». En vivant ces destins par procuration, par identification aux héros les spectateurs ou lecteurs sont censés être «édifiés » (éduqués moralement).

Ex : Le film d’horreur comme catharsis :

      • Libération d’émotions fortes refoulées. Vivre par procuration des événements traumatisants permettrait de se décharger d’une accumulation d’émotions négatives.
      • Euphorie liée au défoulement, soulagement de se sentir vivant.

Affiche du film « The Purge » (titre « français » : American nightmare !). En grec, catharsis  = purge.


Pour purger ses émotions violentes… une œuvre d’art cathartique.

4. Exemple 3 : l’art comme expression (d’émotions, d’idées…) :

Franz Xaver Messerschmidt
Expression d’émotions : œuvres de Franz Xaver Messerschmidt (1736-1783)

La liberté guidant le peupleExpression d’idées : « La Liberté guidant le peuple », Eugène Delacroix (1830)

Une émotion peut-être exprimée explicitement dans une œuvre d’art et ressentie par le public. L’œuvre d’art peut faire rire ou pleurer, angoisser ou détendre. En sollicitant notre empathie, l’artiste nous permet de vivre une expérience virtuelle aussi déterminante pour nous aussi formatrice qu’une expérience «réelle».

1/ Fonction morale (création et communication de valeurs)

œuvres morales

Une œuvre d’art peut prescrire des valeurs morales, véhiculer des comportements socialement valorisés. (Héros positif, modèle physique ou moral, etc.)

        1. Exemple 1 : le statuaire grec met en avant la beauté comme perfection à travers ce qu’il représente (le kallos kagathos désigne la perfection humaine intégrant beauté physique et morale, impliquant le développement des capacités physiques et intellectuelles), mais aussi à travers la manière de représenter (le travail de l’artiste vise une perfection dont la nature est le modèle).
        2. Exemple 2 : Chez les Grecs, les Arabes et dans l’Europe classique, la fiction (fables, romans, comtes ou tableaux), met en scène sous forme imagée, des situations symbolisant les principaux dilemmes moraux qu’on peut croiser dans la vie. Le but est d’« édifier moralement » le public.
          « L’art ne vaut à mes yeux que s’il est la projection d’une morale.» (Jean COCTEAU)

2/ Fonction religieuse

La religion a sans doute été la première institution créée par l’être humain pour déterminer des valeurs, des normes, une morale et les partager. L’art a probablement été, à son origine, un moyen de fixer et de transmettre par la fiction (histoire racontées), par les images (avant l’écriture) ou par des constructions monumentales ces conceptions religieuses.

2/ Fonctions historiques (patrimoine culturel)

En tant qu’objet, l’œuvre d’art perdure au-delà des vies individuelles, témoigne de formes de sensibilité disparues, ouvre la collectivité sociale présente à l’influence des générations passées, objective l’Histoire, définit un patrimoine culturel.
Ex. : Pyramides égyptiennes, temples grecs, cathédrales, tour Eiffel, gratte-ciels new-yorkais…

« Les peuples ont déposé leurs conceptions les plus hautes dans les productions de l’art, les ont exprimées et en ont pris conscience au moyen de l’art. » (HEGEL)

  3/ Fonction politique (prosélytisme, propagande) :

En s’adressant directement à la sensibilité et aux émotions, l’art permet (pour le meilleur et pour le pire) de court-circuiter la réflexion, la raison et donc la critique, de susciter un enthousiasme qui en fait un outil de choix pour les démagogues.

La où le prosélytisme se contente de chercher à susciter l’adhésion, la propagande utilise l’art comme technique de persuasion, pour propager une idée, une opinion, une idéologie ou une doctrine et stimuler l’adoption de comportements prédéterminés au sein d’un public-cible.

4/ Fonctions de critique sociale ou politique :

L’art permet de présenter sous un jour particulier les mœurs d’une époque et d’en rendre sensibles les aspects négatifs auxquels la majorité de la population s’est habituée.


Ex. : Les Misérables (V. Hugo), caricatures dans les œuvres de Balzac ou Zola, peintures pacifistes de Grosz, cinéma de Chaplin…

1. Qu’est-ce qu’interpréter ?

Langue commune : l’acteur interprète un rôle, le musicien une partition, l’astrologue la position des astres, le politologue la « conjoncture », le psychanalyste les rêves de ses patients, le juge un texte de loi, etc.

Le concept d’interprétation (qui recouvre les sens divers de la langue commune) : interpréter quelque chose, c’est lui donner un sens qui n’est

    • ni évident ou immédiat (comme dans la perception courante ou tout ce qui ressort de nos habitudes),
    • ni déductible de lois causales objectives (comme dans les sciences de la nature).

—> Lorsque notre intelligence ne peut s’appuyer sur des connaissances objectives permettant d’expliquer un phénomène, elle a recours à d’autres ressources pour l’interpréter et ainsi lui donner du sens c’est-à-dire lui trouver sa place dans notre représentation du monde (culture, expérience…)

—> Dans leur forme manifeste (immédiate, apparente, explicite), une œuvre d’art, un mythe, un texte sacré ou un rêve peuvent paraître incohérents. Si l’on pose l’hypothèse que néanmoins un sens latent (sous-jacent, caché, implicite) rend l’objet possible, l’interprétation consistera à expliciter ce sens implicite.

—> Distinction expliquer /comprendre : interpréter permet de comprendre (c’est-à-dire de mettre en relation avec quelque chose que l’on admet et donc de donner du sens) et non d’expliquer.

—> Cette distinction s’applique en particulier aux différences de méthode entre sciences de la nature et sciences humaines  justifiées par l’apparition d’un degré important d’indéterminisme dans les phénomènes humains :

    • Du fait de son déterminisme (les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets), on explique un phénomène naturel par ses causes (phénomènes objectifs) et l’on obtient une explication vraie et nécessaire.
    • Du fait de son indéterminisme (même partiel)  et de la complexité de ses causes (biologiques, sociologiques, psychologiques), on comprend un phénomène humain par ses raisons (justifications subjectives) et l’on obtient une compréhension vraisemblable et possible (ce qui ne présume en rien de l’existence de causes matérielles auxquelles on n’a pas, à ce jour, accès).

« L’homme est la mesure de toute chose. »  (PROTAGORAS, vers -450) : résumé de la position « sceptique ». Toute connaissance est en dernière analyse interprétation, la science n’étant qu’un type d’interprétation possible parmi d’autres.

—> L’interprétation est donc la démarche intellectuelle consistant à produire du sens là où il manque, ou à révéler le sens là où il existe mais n’est pas donné explicitement.

Ex. : Cette tendance naturelle à interpréter est utilisée comme outil d’évaluation psychologique : test de Rorschach (planches de taches symétriques proposées à la libre interprétation) permettant de repérer les traits dominants (voire obsessionnels) d’une personnalité.

2. Les problèmes d’interprétation spécifiques à l’art

L’art a longtemps eu pour fonction de transmettre des normes et valeurs communes (religieuses ou politiques) pour souder une communauté humaine. La rationalisation progressive des différents domaines des cultures modernes semble avoir fait de l’art aujourd’hui le domaine d’activités humaines visant précisément à produire des objets destinés à stimuler la faculté d’interprétation du public.

Ex. : On qualifie en général d’« énigmatique » le sourire de la Joconde du fait précisément qu’il peut être interprété de multiples façons.

L’œuvre d’art propose une expérience singulière, un cadre fictif accueillant. S’adressant à la subjectivité de l’individu,  l’éveillant, la stimulant, l’œuvre d’art permet à chacun de trouver ce qu’il voudra bien y mettre par l’interprétation qu’il produit.

« C’est le regardeur qui fait le tableau. » Marcel DUCHAMP

—> Par exemple une œuvre de fiction propose au spectateur ou au lecteur de vivre une expérience. Celle-ci sera interprétée par chacun selon sa culture et son histoire personnelle. Elle n’assène donc pas une vérité mais permet à chacun de construire la sienne.

—> Avoir compris une œuvre d’art, ce n’est donc pas y avoir saisi toutes les intentions de l’auteur mais se l’être appropriée intégralement — ce qui réclame parfois plusieurs lectures ou visionnages, le tout permettant de comprendre les parties et les parties de comprendre le tout : c’est ce que l’on nomme le « cercle herméneutique ».

« Toute œuvre d’art alors même qu’elle est une forme achevée et close dans sa perfection d’organisme exactement calibré, est ouverte au moins en ce qu’elle peut être interprétée de différentes façons, sans que son irréductible singularité soit altérée. Jouir d’une œuvre d’art revient à en donner une interprétation, une exécution, à la faire revivre dans une perspective originale. »            

Umberto ECO, L’œuvre ouverte (1962)

Pour Eco, le lecteur est un interprète de l’œuvre ouverte : « L’auteur offre à l’interprète une œuvre à achever. »

1. L’art  pour défier la réalité ?

2. L’art pour échapper à une réalité oppressante ?