Pascal : Justice et force


« Il est juste que ce qui est juste soit suivi [1]. Il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi [2].
La justice sans la force est impuissante [3]. La force sans la justice est tyrannique.[4]
La justice sans force est contredite parce qu’il y a toujours des méchants [5]. La force sans la justice est accusée [6]. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force, et pour cela faire que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste [7].
La justice est sujette à dispute [8]. La force est très reconnaissable et sans dispute [9]. Ainsi on n’a pu donner la force à la justice, parce que la force a contredit la justice, et a dit qu’elle était injuste, et a dit que c’était elle qui était juste [10].
Et ainsi ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste [11]. »

EXERCICE : dégagez les éléments attendus dans l’introduction d’une étude de texte type Bac, à savoir :

  1. Le thème (sujet abordé, qui correspond à une notion du programme)
  2. Le problème (né de la question que s’est posé l’auteur, dont la réponse constituera la thèse qu’il défend dans ce texte)
  3. Enjeu(x) de cette question (son intérêt, son importance, dans quel(s) domaine(s)…)
  4. Thèse (idée principale défendue dans le texte, réponse à la question que s’est posé l’auteur, que tout le texte vise à justifier, par rapport à laquelle tout le texte constitue une argumentation)
  5. Plan du texte (organisation de l’argumentation de l’auteur visant à justifier sa thèse)

Réponse ci-dessous.


INTRODUCTION

[Thème (sujet abordé, qui correspond à lune notion du programme)] Dans ce texte extrait du recueil posthume de ses Pensées, Pascal aborde le thème de la Justice.

[Problème (né de la question que s’est posé l’auteur, dont la réponse constituera la thèse qu’il défend dans ce texte)] Il se demande quelle relation la justice peut ou doit établir avec la force, quelle est celle de ces deux notions qui a fondamentalement une préséance sur l’autre.

[Enjeu(x) de cette question (son intérêt, son importance, dans quel(s) domaine(s)…)] Cette question interroge en particulier la légitimité du recours à la force (arrestation, punition…) dont l’Etat moderne s’est adjugé le monopole.

[Thèse (idée principale défendue dans le texte, réponse à la question que s’est posé l’auteur, que tout le texte vise à justifier, par rapport à laquelle tout le texte constitue une argumentation)] Pascal défend la thèse que justice et force sont nécessaires l’une à l’autre mais que la force étant première dans l’organisation des communautés,  la justice y est donc nécessairement définie par ceux qui disposent de la force (le pouvoir).

[Plan du texte (organisation de l’argumentation de l’auteur visant à justifier sa thèse)] Dans un premier temps ([1] et [2]), Pascal repère ce qui est essentiel au « juste » et au « fort ». Puis ([3] et [4]) il s’intéresse aux conséquences d’une absence de relations entre justice et force (impuissance de l’une, tyrannie de l’autre) avant de préciser l’insuffisance de l’une sans l’autre ([5] et [6]) et d’en tirer une première conséquence quant à leur relation nécessaire ([7]). Partant d’autres caractéristiques essentielles de la justice (elles est toujours discutable) et de la force (elle est indiscutable) ([8] et [9]), Pascal constate à nouveau la contradiction à laquelle aboutit leur séparation [10]. Il peut alors conclure par sa thèse, à savoir que la force doit se conformer à la justice